Le prestigieux Prix Francqui 2017 couronne le travail de pionnier du neurologue Steven Laureys (ULg) sur le coma et les autres troubles de la conscience
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Le lauréat du Prix Francqui 2017, dédié cette année aux Sciences Biologiques et Médicales, est Steven Laureys, professeur de neurologie à l’Université de Liège. Le Professeur Laureys est à la tête du Coma Science Group, un groupe transdisciplinaire reconnu mondialement dans le domaine de la recherche sur le coma et les troubles de la conscience. Le jury, composé d’experts internationaux de renom, décerne le Prix Francqui 2017 à ce chercheur et médecin extraordinaire pour ses recherches innovantes sur le diagnostic, le pronostic et le traitement des lésions cérébrales et des troubles de la conscience. Ses découvertes ont également influencé notre réflexion sur les aspects éthiques et juridiques du débat sur l’euthanasie et le traitement en phase chronique. La cérémonie officielle de remise du Prix se tiendra le 13 juin au Palais des Académies.
Le but ultime : percer le mystère de la conscience humaine
Fasciné depuis son enfance par les questions relatives à la conscience humaine, le Professeur Laureys donne, à la fin des années 90, un nouveau souffle à la recherche sur le coma, alors elle-même plutôt « comateuse », selon ses propres termes. Son approche multimodale, basée sur l’évaluation comportementale, les études électro-physiologiques et la neuro-imagerie fonctionnelle (PETscan et IRM), conduit à une découverte remarquable : pas moins de 40% des patients se trouvant après un coma dit « végétatif » sont en réalité conscients (pour certains à un degré minimal). Si elles sont incapables de répondre, ces personnes continuent néanmoins à ressentir des émotions et à souffrir. Steven Laureys a en outre identifié dans le cerveau humain non pas un, mais deux réseaux de conscience – externe (sur notre environnement) et interne (sur nous-mêmes). Un constat fondamental qui a conduit à une meilleure compréhension du réseau neuronal de la conscience, mais aide aussi à mieux prédire les chances de guérison.
De nouvelles découvertes qui soulèvent des questions éthiques et religieuses
Outre leur énorme impact scientifique et clinique, les résultats de l’étude du professeur Laureys ont également mis l’accent sur les défis éthiques et juridiques relatifs aux patients dans le coma ou d’autres états apparentés, et fait évoluer en profondeur le débat sur l’euthanasie et les soins chroniques. Le Professeur Laureys n’est pas effrayé par le rôle social qui est le sien en tant que scientifique, et tente de rationaliser les débats à l’aide de données fondées scientifiquement. « Notre recherche fait régulièrement l’objet de critiques de la part du mouvement chrétien pro-vie, mais aussi, à l’opposé, d’athées qui défendent le droit de mourir. Nous nous trouvons donc au milieu d’un pont pris pour cible des deux côtés à la fois : une preuve, à mes yeux, de notre approche nuancée », affirme Steven Laureys.
Les scientifiques et les laboratoires ont leur place à l’hôpital
Tout au long de sa carrière, le Professeur Laureys a combiné expertise clinique et scientifique : en tant que professeur clinique au département de neurologie de la clinique universitaire du Sart Tilman à Liège, et en tant que chercheur du Fonds francophone de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS) lié au centre de recherche « GIGA Consciousness » de l’Université de Liège. Une combinaison dans laquelle Steven Laureys croit fermement : « Il faut que les scientifiques quittent leur tour d’ivoire pour rejoindre l’hôpital, c’est là également que doivent se trouver les laboratoires de recherche. Ce n’est qu’en faisant face aux problèmes concrets auxquels les gens sont confrontés que la science peut s’ancrer dans la réalité. »
Le Professeur Laureys se montre un défenseur humaniste et charismatique du droit à une meilleure qualité de vie et de soins pour ses patients. Il a ainsi préconisé l’utilisation du terme d’« état non répondant », plus respectueux que celui de « végétatif » jusque-là généralement utilisé. En raison de son engagement indéfectible pour ce groupe de patients souvent mal diagnostiqué et oublié, le Professeur Laureys est consulté par des familles du monde entier.
Un prix prestigieux
Le Prix Francqui doit son surnom de ‘Prix Nobel belge’ à sa riche histoire et à son caractère international. La Fondation Francqui a été créée en 1932 par le diplomate belge Emile Francqui et l’ancien Président des USA Herbert Hoover. Tous deux ont investi après la Première Guerre mondiale dans différentes organisations scientifiques, afin de stimuler la recherche scientifique en Belgique. Aujourd’hui, le Conseil d’Administration multidisciplinaire de la Fondation est présidé par l’ancien Président du Conseil européen Herman Van Rompuy ; son Administrateur Délégué est le Professeur Pierre Van Moerbeke, lui-même un ancien lauréat du Prix Francqui.
Chaque année, la Fondation Francqui attribue un montant de 250.000 euros à un scientifique issu, successivement, du domaine des Sciences Exactes, des Sciences Humaines et des Sciences Biologiques et Médicales. Plusieurs lauréats du Prix Francqui ont ensuite été récompensés par des prix internationaux, parfois même par un Prix Nobel. Ainsi, le lauréat du Prix Nobel en physique François Englert avait reçu ce prix prestigieux pour le domaine des Sciences Exactes en 1982.
La remise officielle du Prix Francqui 2017 aura lieu le 13 juin au Palais des Académies.
Vous trouverez de plus amples informations sur les recherches et la carrière de Steven Laureys dans le dossier de presse ou aux adresses suivantes :